« On n’a pas le temps de faire propre. »
« Ce n’est qu’un MVP. »
« On verra plus tard. »
On connaît tous ces phrases. Elles ne sont pas fausses.
Mais elles peuvent devenir très dangereuses si on les prend au pied de la lettre — sans stratégie, sans vision.
Quand on lance un produit, la pression est énorme : aller vite, prouver, capter le marché, obtenir des retours… Et souvent, on oppose qualité du code et rapidité. Comme si faire les choses bien allait forcément nous ralentir.
Mais si on creuse un peu, on se rend compte que le problème n’est pas la vitesse… c’est le manque de conscience dans les choix qu’on fait pour aller vite.
Phase MVP : oui, on prend des raccourcis. Mais pas n’importe lesquels.
Un MVP, par définition, c’est un produit minimal et viable.
Minimal, donc rapide à construire.
Mais viable ? Cela signifie qu’il doit pouvoir fonctionner, être utilisé, et surtout évoluer.
Et c’est là que beaucoup de projets tombent dans un piège : construire « vite », sans construire « intelligemment ».
Prendre des raccourcis… intelligents
Prendre un raccourci n’est pas un problème en soi. Le tout, c’est de savoir :
- Ce qu’on sacrifie.
- Pourquoi on le sacrifie.
- Et comment on s’assure que ce ne sera pas bloquant plus tard.
Exemples de raccourcis intelligents :
- Éviter les tests automatisés au début mais documenter les zones critiques.
- Écrire du code “suffisamment bon”, lisible, sans hacks irréversibles.
- Coupler temporairement certaines choses avec des interfaces bien définies.
La question n’est pas “est-ce que ce code est parfait ?”
La vraie question est : “est-ce qu’on saura le faire évoluer quand on en aura besoin ?”
L’intelligence technique au service du business
Le rôle d’un CTO ou d’une équipe tech n’est pas seulement de coder.
C’est de gérer la dette technique comme un investisseur gère le risque.
Beaucoup de projets explosent après le MVP — non pas parce que le produit n’est pas bon, mais parce qu’il a été bâti sans stratégie technique. On livre vite, on gagne des utilisateurs, et… tout devient fragile quand il faut évoluer.
Puis vient le moment de pérenniser
Quand le produit trouve son marché, il faut stabiliser.
Ce n’est pas encore le moment de tout réécrire, mais :
- Consolider les fondations critiques.
- Refactorer ce qui ralentit.
- Commencer à poser des tests.
- Améliorer la structure pour préparer l’arrivée de nouvelles personnes.
C’est ici que la qualité devient un investissement dans la capacité à livrer demain.
Qualité vs vitesse ? Non : équilibre et conscience
Il ne s’agit pas de dire que la qualité doit primer sur tout.
Il s’agit de dire que la qualité sert la rapidité sur le long terme.
Oui, on peut aller vite.
Oui, on peut faire des compromis.
Mais on ne peut pas avancer les yeux fermés.
En conclusion
❝ Le problème, ce n’est pas de faire des raccourcis.
Le problème, c’est de ne pas savoir quels raccourcis on a pris, ni pourquoi. ❞
Pendant un MVP, viser la perfection n’a aucun sens.
Mais viser une base saine, malléable, compréhensible…
Ça, c’est une vraie stratégie business.
Parce qu’un produit qui marche, c’est bien.
Mais un produit qui peut continuer à évoluer demain, c’est mieux.